Au Pakistan, on demande aux chrétiens de se convertir à l’islam pour bénéficier d’une aide alimentaire pendant le confinement

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« Il existe des cas récents de refus d’accès à la nourriture et aux aides d’urgence perpétrés au détriment de personnes des communautés hindoue et chrétienne. »

Dans la République Islamique pakistanaise, les chrétiens sont une communauté minoritaire. Ils y sont marginalisés socialement, considérés comme des citoyens de seconde zone et sont l’objet d’une propagande haineuse dans les médias. Alors que le Covid-19 oblige le pays à se confiner, le statut précaire des chrétiens agit comme une double peine.

Nous vous annoncions à la fin du mois d’avril que les chrétiens étaient privés d’aide alimentaire en raison de leur foi. L’Agence Fides précise désormais qu’il existe une forme de chantage au soutien alimentaire. Pour en bénéficier, les chrétiens doivent se convertir à l’islam. Pour le professeur Anjum James Paul, président de la Pakistan Minorities Teachers’ Association, il s’agit d’une « pratique scandaleuse et alarmante ».

« Il s’agit d’une pratique scandaleuse et alarmante, qui doit être bloquée dès son apparition... Certaines personnes exploitent en effet le verrouillage causé par le Covid-19 et le désespoir venu à se créer chez de nombreux indigents pour induire une conversion à l’islam, en se livrant à un chantage : devenir musulman pour avoir de quoi manger. »

Il demande « à tous les religieux musulmans d’éviter cette forme honteuse de violence et de prosélytisme demandant la conversion religieuse en échange de nourriture ».

« En ce moment de souffrance commune, il est du devoir de tous d’aimer, de respecter et de servir l’humanité sans discrimination ou autres motifs. Nous rappelons qu’à ce jour, de nombreux pays non islamiques aident le Pakistan. »

Dans les colonnes de Dawn, Maître Sulema Jahangir, avocat pakistanais, faisait état des conversions forcées. Il rappelait qu’aucun « retour » n’était possible, car en devenant ainsi apostat, les personnes risquaient « une condamnation à mort ».

« Une fois les femmes converties, il n’y a pas de retour possible, car l’apostasie signifierait une condamnation à mort. Dans de nombreux cas, les femmes sont également informées que leurs familles sont des ‘kafirs’ et qu’elles ne peuvent pas les rencontrer. Cela entrave leur accès à la justice car ils restent entre les mains d’hommes puissants. Personne n’a de nouvelles de ces femmes directement après leur ‘fuite’. »

Il précise que le système juridique pakistanais est « discriminatoire », « par défaut ».

« Selon la jurisprudence, exploiter une position de pouvoir pour inciter des personnes vulnérables ou des subordonnés à convertir équivaut à de la coercition, ce qui devrait être interdit. Le fait que le système juridique par défaut au Pakistan soit discriminatoire, en particulier à l’égard des femmes issues de minorités religieuses, couplé au poids et aux ressources de ceux qui les attaquent, implique la coercition et requiert d’urgence une législation positive pour protéger les citoyens vulnérables. »

Et pour l’avocat, la pandémie de Covid-19 renforce la vulnérabilité des jeunes femmes issues des minorités.

« La vulnérabilité des jeunes femmes appartenant aux minorités religieuses est encore renforcée par l’explosion de la pandémie de Covid-19. Il existe des cas récents de refus d’accès à la nourriture et aux aides d’urgence perpétrés au détriment de personnes des communautés hindoue et chrétienne. Le Covid-19 pourrait fournir un prétexte pour recourir à la conversion religieuse de jeunes femmes en tant que moyen de sauver leurs vies ou leurs familles en temps de crise. »

M.C.

Crédit Image : Asif gill12345 / Shutterstock.com


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